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Le Niger à Mopti - au Mali

Photo Mohamed Torche, commentaire Jean-Marie Kohler

Un fleuve et une pirogue, évocation de la destinée humaine. S’offrant au soleil qui éclaire et réchauffe, l’eau porte en elle la vie et invite à la partager. Elle est pareillement indispensable aux hommes, aux bêtes, et aux plantes. Grâce à elle, la terre fructifie et même les déserts se peuplent et refleurissent. Fleuve ou humble puits, elle est le lieu privilégié des rencontres et de la parole en même temps que le lieu et l’enjeu de multiples conflits. Depuis la nuit des âges, les hommes échangent là leurs sentiments, leurs idées et les biens qu'ils produisent.

Aujourd’hui, l’homme à la pirogue a été congédié et son univers est profané. Sur une terre livrée à un vent de folie, l’eau symbolise de façon inédite notre fragilité. La vie est dévastée par une économie de rapine qui accapare et pollue, qui déchire l’humanité et accule les déshérités à la révolte, qui ruine la planète. La marchandisation et l'urbanisation prolifèrent, tarissent les sources, éteignent les étoiles, emmurent et asservissent. Le réchauffement climatique s'accélère, aggrave les sécheresses et les tempêtes, et menace de noyer des régions entières sous les océans.

Saurons-nous changer le cours de la mondialisation pour bâtir une civilisation plus juste, plus fraternelle, et réconciliée avec la nature ? Comme le soleil se lève chaque matin, l’homme s’annonce encore plein de promesses. En se fiant à ses valeurs fondamentales, l’humanité peut vaincre la fatalité qui la détruit et recréer le monde par delà sa violence et ses frontières actuelles. D’où cette invitation au voyage vers les horizons d’une recherche plurielle à la fois anthropologique, théologique et spirituelle. Traversées lointaines, en Afrique et dans le Pacifique, et modestes voyages intérieurs.


Au delà de Manhattan, quel monde pour demain ?
Extraits du discours d’une enfant de douze ans
à la Conférence de l’ONU sur l’environnement – Brésil, 1992

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« Je suis ici pour parler au nom de toutes les générations à venir..., au nom des enfants affamés de partout dans le monde dont les cris ne sont pas entendus..., au nom des innombrables animaux et plantes qui s’éteignent tous les jours, perdus à jamais... Si vous ne savez pas comment réparer tout ça, s’il vous plaît, arrêtez la casse !
« Nous faisons tant de gaspillage, achetant et jetant... Nous avons peur de partager, nous avons peur de perdre un peu de notre richesse... Je pourrais être un de ces enfants vivant dans les favelas de Rio, je pourrais être un enfant mourant de faim en Somalie ou victime de la guerre au Moyen-Orient, ou un mendiant en Inde...
« Je suis seulement un enfant, pourtant je sais que si l’argent dépensé en guerres était utilisé pour trouver des réponses aux problèmes d’environnement, pour en finir avec la pauvreté, quel endroit merveilleux serait cette terre ! Pourquoi faites-vous les choses que vous nous dites de ne pas faire ? Mon père disait : tu es ce que tu fais, pas ce que tu dis ! Je vous mets au défi : s’il vous plaît, faites que vos actions reflètent vos mots ! »

Séverine Suzuki

Parcours sociologique en Afrique et en Océanie

Bien que le savoir engendré par la recherche détermine de plus en plus l’évolution du monde, il s’avère impuissant à changer, en son fond, la condition de l’homme. Les spécialistes les plus éminents ne pourront jamais, à la faveur d’une langue universelle, transmuer leurs précieuses connaissances en omniscience et toute-puissance capables d’expliquer et de sauver l’humanité. Toutes les tours de Babel sont vouées à s’effondrer.

La recherche s’apparente de fait à une marche incertaine et risquée vers un horizon perpétuellement en fuite, à un cheminement au cours duquel les hommes peinent, seuls et ensemble, pour élaborer leur avenir en dépassant leur ancestrale ignorance, leurs angoisses et leurs violences. La passion de comprendre commande le tracé de ce chemin, mais rien n’y est jamais acquis définitivement, rien n’y est assuré, et l’ultime destination y demeure inconnue. La vérité à la portée des hommes ne peut être approchée que dans le mouvement qui leur permet de franchir les illusions successives sur lesquelles ils prennent appui. Marquée par les contradictions des milieux qui la produisent, cette connaissance est pétrie d’enjeux politiques que seule l’éthique est à même de juger en fin de compte. Fulgurante parfois, la recherche est d’ordinaire occupée à de longues et prosaïques investigations. Tâche toujours provisoire et sans fin, et cependant essentielle en chacune de ses contributions éphémères.

 

Traditions et perspectives théologiques

Entre la nostalgie du paradis perdu qui hante l'imaginaire des hommes et l’utopie d’une terre promise où nul ne peut s’installer, la quête religieuse se tourne vers l’humble et inaccessible vérité qui enfante la vie, très en amont des doctrines qui passent. Accueil de la parole transmise par les générations disparues, réinterprétation et partage de cet irremplaçable legs, invention des langues nouvelles et des poèmes inédits des temps à venir, don et renoncement.

Un rude et heureux voyage. Dans la morne plaine du quotidien guettent un isolement et un ennui par essence mortels, tandis que les vieux démons de l’humanité peuplent toujours les mêmes abîmes. Les faibles et les pauvres sont méprisés, beaucoup sont spoliés, maltraités et assassinés au vu et au su de tout un chacun. Les haines et les guerres sont plus inexpiables que jamais. Pourtant, une secourable clarté venant d’ailleurs ne cesse d’accompagner, jusque dans les enfers, les hommes qui entretiennent la sollicitude pour autrui ou le simple désir d’aimer. Leur confiance ne sera pas déçue, car une part de ciel les habite déjà, capable de les réjouir et de racheter le monde. Rien n’est irrémédiablement perdu et l’avenir demeure riche de promesses. Quête forcément solitaire, mais portée par l’humanité entière qui se cherche depuis ses origines. Respect de toute vie et combat sans répit pour l’égale et absolue dignité des hommes, afin qu’advienne plus de justice et de paix en ce monde déchiré.

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Brèves indications biographiques

Jacqueline Rasoazanany épouse Kohler, née en 1940 à Tananarive ; diplômée en économie rurale à Madagascar et en France, titulaire du diplôme de l'École Pratique des Hautes Études ; responsable du Service de l'Animation Rurale Féminine de la République malgache en 1963 ; puis mère de famille nombreuse, engagée sans relâche dans des activités associatives diverses (culturelles, politiques et religieuses) – entre autres, présidente de "Femmes d'Alsace" (association militant pour la parité en politique) de 1999 à 2001, et coordinatrice des Conférences Culture et Christianisme de 1997 à 2003.

Jean-Marie Kohler, né en 1936 à Mulhouse ; titulaire d'une licence d'enseignement en philosophie, d'une maîtrise en théologie, d'un certificat d'études supérieures en assyriologie, du diplôme de IIIe cycle de l'Institut d'Étude du Développement Économique et Social (IEDES), et d'un doctorat de IIIe cycle en sociologie de l'Université de Paris (Sorbonne) ; marié en 1964 et père de six enfants ; chercheur en anthropologie sociale et culturelle à l’Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer (ORSTOM, puis IRD) de 1963 à 1994 ; maître de recherche en 1970 et directeur de recherche en 1982 ; travail de terrain en Afrique soudannienne pendant une quinzaine d'années, en Océanie pendant dix ans ; rédacteur en chef de la revue "Les Réseaux des Parvis" de juin 2011 à juillet 2014..

N.B. Bien qu'elle réponde à une curiosité commune et légitime, l'énumération des peaux d'ânes est de toute évidence futile. Ne manquent au palmarès que les décorations... Les rencontres, les engagements et les travaux qui façonnent en profondeur l'existence et le cours des choses sont autrement significatifs.

 

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